Eleanor et Park, de Rainbow Rowell

J'inaugure, avec cette jolie romance pour jeunes filles, ma rubrique "Le mercredi, on lit!"

Ayant toujours un train de retard, c'est seulement maintenant que je découvre ce joli roman qui avait été lu par toute la blogosphère pendant l'été 2014. Mais mieux vaut tard que jamais et il aurait été dommage de me priver de cette lecture vraiment agréable.

Eleanor est une jeune fille rousse, un peu ronde, mal fagotée, qui revient vivre auprès de sa mère, de son beau-père violent et de ses nombreux frères et soeurs, dans un univers particulièrement glauque, après un an passé loin de chez elle.

Park est un métis. Moitié irlandais, moitié corréen. Il aime les comics et le punk-rock.

L'histoire se passe au milieu des années 80 et commence dans un bus scolaire qui sera sans doute le lieu le plus important de l'histoire. Park et Eleanor y sont assis côte à côte, sans l'avoir vraiment choisi, et vont apprendre à se connaître au fil des semaines. A se connaître et à s'aimer.

Le roman peut paraître creux, mais j'ai aimé ce plongeon dans les années 80, et dans l'adolescence de cette époque. Je ne sais pas si l'histoire parlera autant aux adolescents d'aujourd'hui qu'à ma génération, qui n'est pas beaucoup plus jeune qu'Eleanor et Park, et qui a donc connu les prêts de cassettes audios, les coups de fil sur le téléphone fixe "Allo Monsieur Trucmuche, c'est Banana, est-ce que je pourrais parler à Bidule-Chouette, s'il vous plaît?". Ça a été l'une de mes réflexions, en refermant ce livre, après 48 heures en sa compagnie : est-ce vraiment de la littérature jeunesse? Ce livre ne s'adresse-il pas davantage à ceux qui ont été jeunes dans les années 80-90? Il faudrait que je le fasse lire à quelques adolescents de mon entourage pour avoir leur point de vue sur le sujet.

Ce qui m'a semblé le plus curieux, c'est de voir à quel point on peut évoluer. Quand j'avais 16 ans, tout ce qui m'importait, c'était de ne pas faire trop de vagues, d'avoir juste cette petite touche d'originalité, mais je n'aimais pas la marginalité, j'étais comme une grande majorité des adolescents, finalement pas tant ouverte que cela. Pas de problème pour les différences physiques, de couleur de peau, de cheveux, etc. mais les codes vestimentaires étaient quelque chose de sacré, quand même, et il fallait aimer la même musique que les autres. Je me souviens de mon entrée au lycée. Je venais d'un collège dans lequel les coqueluches (oui oui, c'était le nom des élèves populaires du collège) écoutaient du rap. Le jour de l'entrée au lycée, il y avait un mec qui jouait de la guitare en chantant de la variété et du rock sur la pelouse de la cour. Au fond de moi, je me disais "mais quel toquard!", je pensais qu'on allait se moquer de lui, comme on l'aurait fait au collège. Puis, finalement, certains ont trouvé ça sympa, et girouette que je suis, il m'a fallu peu de temps pour réaliser que ça ne me dérangeait pas. Bref, je n'aurais pas aimé Eleanor, ni Park. Alors que là, avec mon regard d'adulte, ces deux personnages m'ont vraiment touchée. Comme Eleanor, j'ai trouvé Park "adorable", et comme Park, j'ai imaginé avec tendresse la dégaine d'Eleanor.

Je ne les aurais pas aimés, mais j'aurais aimé vivre leur histoire. En lisant ce livre, j'ai eu envie d'avoir seize ans à nouveau, d'être amoureuse comme on ne peut l'être que la première fois. Il n'y a rien de si beau et si grand qu'un premier amour, au moment où l'on est certain qu'il n'y en aura qu'un et où tout est tellement intense.

Contrairement à beaucoup de blogueuses, j'ai aimé la fin, que je ne trouve pas si ouverte que cela - mais c'est peut-être mon optimisme naturel qui ressort là. Le style du livre m'a également peu intéressée. Certes, il y a des petites longueurs, et de nombreuses redites, mais ce n'est pas si gênant car l'histoire est bien ficelée. Elle fait du bien au moral. Vraiment. Et ça tombe à pique car je cherche, en ce début d'année, des livres joyeux.

D'ailleurs, si vous avez des conseils, je suis preneuse!

Comments

[bananasplita]

Merci, j'espère qu'il te plaira. Tu peux peut-être leur faire commander, les bibliothécaires cherchent souvent des idées de commande à passer dans les petites villes.

[Lucie D]

Très intéressant cet article, tu m'as donné envie de lire ce livre, il faut que je regarde s'il est à la médiathèque de mon village...